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 Cancres, rebelles et autres génies

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Claudius
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Claudius


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MessageSujet: Cancres, rebelles et autres génies   Cancres, rebelles et autres génies Icon_minitimeDim 27 Mai 2007 - 18:57

Qui aurait parié sur eux quand ils étaient jeunes ?

J'ai trouvé un bouquin à la bibliothèque, c'est l'encyclopédie des cancres. Me sentant concerné, je l'ai emprunté et y ai appris certaines choses.

Il s'agit d'une galerie de portraits de personnages connus. A l'école ils furent déclarés médiocres, inaptes, promus à l'échec : des cancres ! En famille, au travail, on a désespéré, on s'est exaspéré de leur caractère rebelle. Ils ont sommeillé près du radiateur ou multiplié les détours, avant de trouver leur voie ou d'ouvrir la bonne porte.

Avec le temps l'histoire les a couverts de gloire, en a fait des génies. Ces impressionnantes figures dominent notre culture scolaire. Les dictionnaires et les musées nous les présentent le front austère, des qualités plein les poches. Mais les poches ont des trous.
Le hasard a souvent joué : il a fait naître ces personnages à l'époque ou dans le milieu qui leur a permis de pousser leur talent. Mais une fois embarqués sur leurs voies déraisonnables, l'ardeur, la volonté d'exister, l'appétit de la vie ont été leur moteur.

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Dernière édition par le Dim 27 Mai 2007 - 19:58, édité 1 fois
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Claudius
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MessageSujet: Re: Cancres, rebelles et autres génies   Cancres, rebelles et autres génies Icon_minitimeDim 27 Mai 2007 - 19:57

Honoré de Balzac


Non, non, c'est moi qui suis honoré. Vraiment. Asseyez-vous, j'ai tellement de choses à vous dire, un roman, mais un vrai, hein, un peu comme l'un des miens, par exemple.
Je nais en 1799, à Tours. Mon père est dans l'administration militaire et ma mère dans la bourgeoisie de province. Ils feront ensemble encore deux filles, Laure et Laurence, et ma mère me donnera un frère, Henry, mais avec son amant. C'est comme ça la bourgeoisie de province, vous n'avez qu'à lire mes livres où il y a encore plus dingue.

Ma soeur chérie, Laure, et moi, on nous met en nourrice à la campagne. Maman, on la fatigue, elle préfère nettement faire la mondaine avec ses copines huppées de la ville. Mon père, lui, la seule chose qui l'intéresse c'est le travail. Et quand on réintègre la maison, on nous installe au troisième étage, surveillés par un dragon du genre féroce, notre gouvernante, madame Delahaye. Comme ça on ne gênera pas, pendant les fêtes et réceptions. J'ai quatre ans, Laure, trois.Les seuls moments un peu doux que nous vivons c'est quand nous allons à Paris, chez les parents de maman. Eux, ils sont gentils et ils ont un chien adorable , Mouche.

Ensuite on me place dans une pension comme externe et, quand j'ai huit ans, je me retrouve interne dans un collège, loin, à Vendôme. Ce n'est pas vraiment la joie. L'enseignement date de Charlemagne, et la discipline au moins du temps d'Attila. On ne sort jamais, même pendant les vacances. On a un uniforme, comme à l'armée. On a le droit d'écrire aux parents qu'une fois par mois. Pas de visite :" ça amollit le caractère". En six ans, j'ai vu mes parents deux fois et c'est bien tout. Vous n'avez qu'à lire mon roman, Louis Lambert, j'y raconte tout ça.
En plus il y a les punitions. A genoux, et des coups de lanières sur les doigts. Les récompenses, je ne connais pas, car on dit que je suis un enfant balourd, joufflu, timide, paresseux et mélancolique. Rien que ça. On me punit parce que je déteste ce collège injuste. Les autres élèves m'agacent et la vie en communauté m'étouffe. J'en veux vraiment à mes parents de m'oublier complètement et de ne même pas m'envoyer un peu d'argent, sous prétexte que je travaille mal et que je suis une forte tête.

Heureusement, dans la masse sombre des nuages menaçants, il y a toujours un petit coin de ciel bleu. Le ciel bleu, c'est un prêtre, Hyacinthe-Laurent Lefebvre, celui qui tente de me rattraper en mathématiques, mais avec qui, en secret, je me mets à lire plein de livres de sa bibliothèque. c'est sa passion.
Je ne fais que ça, lire. Du coup, je ne fais rien d'autre et on me punit de plus en plus souvent. On me met même dans une sorte de cachot minuscule, ils appellent ça "la culotte de bois"... Mais je m'en fiche, parce que là je peux continuer à bouquiner tranquille. Comme j'ai une mémoire prodigieuse, je retiens tout. Et je me mets à écrire, pour tenter de faire pareil que mes auteurs chéris. On me confisque mon premier manuscrit qui s'appelait, je me souviens, le Traité de la Volonté ! Toujours les punitions, je ne parle plus à mes camarades. Tout ce qu'on veut m'apprendre, je le refuse. Par contre, tout ce que j'apprends de mon côté me passionne. Je vais traîner comme ça mon image d'élève médiocre pendant ce qui me semble être une éternité. Et c'est long, l'éternité, très long.

Je sombre peu à peu dans une sorte de folie. On me vire du collège. J'ai quatorze ans. Je suis si content de retrouver Laure à la maison. C'est bien la seule à remarquer : " Honoré ressemblait à ces somnambules qui dorment les yeux ouverts ... Il avait lu, à l'insu de ses professeurs, une grande partie de la bibliothèque du collège ..."
Et je récidive, ne perdons pas de temps : j'attaque, à fond et dans le désordre, les rayonnages du bureau de mon père, où se cachent plein de philosophes, Rousseau, Voltaire, et aussi Chateaubriand, cette grande saucisse. Car maintenant c'est sûr, j'ai une idée fixe, je veux faire comme eux.

J'ai beau perdre mon temps à l'école et à la faculté de Droit : à vingt ans, j'ai déjà écrit une tragédie, Cromwell. Mon père la fait lire à un académicien. Son verdict est sans appel : "L'auteur doit faire quoi que ce soit, excepté de la littérature." Ce crétin. Il ne voit pas l'essentiel : ce que je veux, c'est écrire ! On ne peut pas dire ça plus simplement.
C'est quand même simple à comprendre, non ?

Cancres, rebelles et autres génies Balzac10


Détails et descriptions inutiles
Les romans de Balzac tombe des mains de ceux qui trouvent ses descriptions interminables et surchargées de détails. Dès les premières pages, le lecteur n'ignore plus rien du personnage principal : physique, habits, habitudes, profession, domicile. Le romancier estime en effet que le caractère et la vie de ses héros se traduisent dans ce que l'on peut voir d'eux.
Prenons leur physique : le maigre a de bonnes chances d'être avare ou malheureux, et le gros, bienheureux. Comme il est aussi un formidable raconteur d'histoires, rien n'interdit de lire en diagonale les passages descriptifs ... pour sauter à deux pieds dans ses intrigues. Car il y a aussi de l'action chez Balzac.
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Luciole
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MessageSujet: Re: Cancres, rebelles et autres génies   Cancres, rebelles et autres génies Icon_minitimeDim 27 Mai 2007 - 20:09

C'est vraiment bien écrit et ça donne envie de lire son roman" Louis Lambert".

Je crois que je vais le prendre comme livre de chevet la prochaine fois que j'irai à la bibliothèque .
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MessageSujet: Re: Cancres, rebelles et autres génies   Cancres, rebelles et autres génies Icon_minitimeLun 28 Mai 2007 - 12:00

Alexander Graham Bell



Le type qui a un grand-père orthophoniste reconnu, un père professeur de diction, une mère sourde et qui se mariera avec une sourde-muette, que peut-il faire ? Dring, dring. Il va inventer le téléphone. Normal.
Il s'appelle Alexander Graham Bell et il naît en 1847, à Edimbourg, en Ecosse. Son père, Melville, savait très bien raconter les histoires, mais sa mère ne pouvait pas les entendre. Cela dit, c'était quand même une artiste. Elle peignait des miniatures. Les Bell étaient une famille unie, toujours à jouer de la musique, faire de la photographie (déjà) et monter des numéros de mimes.

Alex n'aime pas l'école, et préfère aller se balader. Un jour, "à la campagne, il avait voulu écouter le murmure des blés qui ondulaient. Il était allé dans un grand champs et s'était perdu. Affolé, il allait et venait en tous sens. La nuit commençait à tomber. Où étaient ses parents ? ... En larmes il se coucha, l'oreille contre terre. Le silence succédait au bruit du vent. Il sanglotait et allait s'assoupir lorsque, miracle, il entendit un bruit au loin : Alec ! Alec", la voix étouffée de son père que la terre lui apportait". Ok, mais on est encore loin des SMS.

A quinze ans, il fuit un père trop autoritaire, et part à Londres rejoindre son grand-père, ancien cordonnier, ancien comédien et souffleur de théâtre, ancien professeur de diction et orthophoniste reconnu. Le pépé lui laisse faire ce qu'il veut. Ensemble, ils déclament du Shakespeare des heures entières. Ce bonheur dure trois ans, jusqu'à la mort de ce vieil excentrique.

Alex revient à Edimbourg, retrouve son frère Edward et ne s'entend pas mieux avec son père. Mais, bonheur, celui-ci met ses deux fils au défi de construire ux-mêmes un automate parlant. Chiche ! Pas cap'§ Les deux frangins s'y mettent, cherchant à savoir comment fonctionnent les organes servant à parler. "Faute de détails sur le larynx, ils sacrifièrent d'abord leur chat, puis achetèrent à un boucher un larynx de veau afin d'en étudier l'anatomie". Avec de tout, du bois, du coton, un entonnoir et des lamelles de caoutchouc, ils parviennent à faire crier "Maman" à leur mannequin. Leur voisin croit même qu'il y a un nouveau bébé dans la maison. Ils essaient aussi de faire prononcer le mot à Found (trouvé), leur chien, des "a" et des "o", mais ils s'aperçoivent vite que l'avenir ,'est pas là.

Alec pense encore à partir. Loin. Comme mousse, par exemple. Mais il ne parvient qu'au nord de l'Ecosse, à Elgin, et, faute d'hisser les voiles, il enseigne la musique et la diction dans un pensionnat de garçons. A dix-huit ans : l'âge des élèves ou presque ! Puis il passe par la vieille et respectable université de Bath et, enfin, arrive à Londres où il instruit des enfants sourds.
Pendant tout ce temps, il n'abandonne pas ses curieuses passions, va jusqu'à assister à des opérations chirurgicales pour comprendre les mystères anatomiques de la parole. Il se passionne aussi pour l'électricité et installe un télégraphe entre sa maison et celle d'un ami. Il perfectionne également une invention de son propre père, basée sur la diction des 34 sons de base, pour faire prononcer des phrases brèves à quatre petites filles sourdes.

Mais, en 1870, lui et son frère tombent gravement malades de la tuberculose. Edward en meurt. Peu avant, "dans un moment de ferveur, ils se promirent que celui des deux qui mourrait le premier essaierait de communiquer depuis l'au-delà avec l'autre". La famille part alors pour le Canada où l'air est plus pur. Sur le bateau, Alex lit avec passion un ouvrage, les Sensations du Son, qui le pousse à imaginer le principe du téléphone. Allô ?

A partir de là, sous les cieux plus cléments de l'Ontario, Alex, aidé par ses études sur la voix, par son intérêt pour la propagation des ondes électriques, et, il faut bien le dire, poussé aussi par l'amour (une jeune sourde, Mabel) va mettre au point, le 10 mars 1876, le téléphone. Seul conte tous.

"Le téléphone parlant de Bell, écrivait Gray, un rival malheureux, le 1er novembre 1876, est un beau jouet pour scientifiques, mais il n'a aucun intérêt commercial, il n'apporte rien de plus que le télégraphe".
Ouais.
Bien vu.
Et le portable, alors ?

Cancres, rebelles et autres génies C0173310


En 1876, travaillant à un projet d'oreille artificielle pour sourds, Bell parvient à transmettre la voix humaine le long d'un câble électrique. C'est le résultat de longues années de recherche sur le fonctionnement du son et de l'électricité. Sa grande découverte : en modulant l'intensité du courant électrique - au lieu d'ouvrir et de fermer le contact comme on le faisait sur les lignes télégraphiques - il est possible de transmettre fidèlement le son. Et donc la voix ! Le microphone du téléphone de Bell possède une membrane qui vibre au son de la voix, comme un tympan humain.

Cancres, rebelles et autres génies Bellsb10
Alexander Graham Bell et sa femme Mabel


Des inventeurs, une invention : quand la nouveauté est dans l'air ...
Seulement quatre jours après que Bell a réussi sa première communication, un autre rival, dénommé Gray, dépose une demande de brevet pour une invention similaire. Mais Bell avait déjà déposé son propre brevet. Et, s'il est connu comme l'inventeur du téléphone, le Congrés américain a reconnu en 2001 que le titre revenait en réalité à Antonio Meucci. Celui-ci a en effet testé un système de téléphone 16 ans avant Bell.
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MessageSujet: Re: Cancres, rebelles et autres génies   Cancres, rebelles et autres génies Icon_minitimeLun 28 Mai 2007 - 19:30

Jean Cocteau



Jean est né en 1889, dans une famille riche : père rentier, mère élégante. Il a déjà un grand frère et une grande soeur. Tout ce monde vit à Paris, sauf l'été, où l'on va à Maisons-Lafitte. Là, Jean est confié à sa gouvernante allemande, Joséphine, et s'amuse avec ses cousins. Il adore son grand-père, un fou de musique qui s'entoure de musiciens en permanence et qui, chaque semaine, organise un concert. Ah la belle enfance.

Nageant dans le bonheur, Jean est un gosse naïf, qui ne comprend rien à la famille, ni au reste, d'ailleurs. Sa cousine Marianne tente de lui expliquer: "Ecoute, je sais tout. Il y a des grandes personnes qui se couchent en plein jour. On les appelle, les hommes : des lapins, les femmes : des cocottes. Oncle André est un lapin. Si tu le répètes, je te tuerai à coups de bêche. " Jean regarde des heures durant son père peindre et, très vite, s'initie au dessin. Croquant tous les membres de sa famille, il vend ses oeuvres à son grand-père pour se faire de l'argent de poche. Mais, généralement, il se réfugie dans sa chambre, où, tranquille, il joue et s'invente un monde bien à lui .

Ses parents l'abandonnent le soir pour aller au théâtre, habillés comme des princes. Rageant d'être trop jeune pour les accompagner, il se console avec des magazines qu'il découpe, il aime l'odeur de la colle qui emplit sa chambre quand il compose ses images. Avec le théâtre miniature qu'ils lui ont offert, il développe son goût du spectacle et de l'improvisation. "On clouait, on collait, on découpait, on peignait, on inventait des systèmes de rampes à bougie et de trou souffleur qui se rabattent. Mon Allemande Joséphine ( "mein Fräulein") cousait les costumes." On le laisse suivre quand même, deux fois par semaine, les matinées de la Comédie-Française et les concerts du Conservatoire. Très chouette.
A six ans, Jean entre à l'école. Bien que fin et intelligent, il n'obtient que de médiocres résultats tant il est agité et distrait. En plus, il est souvent malade.

Quand il a neuf ans, son père se suicide. Rideau sur la belle vie de l'enfance, tout s'écroule subitement. Jean en gardera une obsession de la mort et du sang que l'on retrouvera partout dans son oeuvre. Désormais, sa mère élève seule un gamin qui ne veut plus grandir, et trouve dans sa fragilité naturelle un moyen de se faire choyer.
A onze ans, c'est le collège de Condorcet :" Si je ferme les yeux, mes souvenirs de collège sont nuls et sinistres : réveils de guillotine, larmes, cahiers sales, livres entrouverts en hâte, taches d'encre, coups de règle sur les doigts, craie qui grince, retenues du dimanche, classes vides qui qui empestent le gaz, petites tables de bagne sur lesquelles je copiais mille fois : huit et huit ne font pas quatorze, d'une écriture plus molle que le profil du couteau à poisson ."

Jean joue au petit génie paresseux, il charme ses professeurs par son insolence et ses improvisations, bref, il en fait des tonnes. Il tombe même amoureux de Dargelos, l'élève le plus nul de la classe . "J'étais l'exemple du mauvais élève, de l'élève incapable d'apprendre et de retenir quoi que ce soit. Mes prix de gymnastique, d'allemand et de dessin donnaient un relief extraordinaire à mon inconduite et l'entouraient, pour ainsi dire, d'un cadre d'or..." Mais il est renvoyé(trop d'absences): "Ma pauvre famille se désespérait et essayait tout. Le petit Condorcet, le grand Condorcet, Fénelon, les professeurs à domicile ! Mais que faire lorsque la tête se vide, lorsque l'enfant, réservé pour des tâches secrètes, essaie de dormir d'un sommeil de somnambule, réveillé en sursaut, à l'extrême bord du songe, par des assassins de bonne foi."

Continuant à dessiner comme un fou et à se passionner pour le théâtre, devenant, à seize ans, l'amant d'une actrice, forcément...,il rate normalement, pour la première fois, son bac ( il le ratera en tout quatre fois).
On l'envoie en Bretagne, on tente de le faire étudier, mais il est trop occupé à jouer, à parfaire ses poèmes ou à écrire des pièces de théâtre. Jean est même obligé de rassurer sa mère : " Ne crains rien, il y sous mon apparente frivolité quelque chose de grand et de profond, que j'ai eu la volonté de masquer." Il n'a pas tout à fait tort. Ce n'est pas pour rien que son film le plus célèbre s'intitule La Belle et la Bête .

Jean Cocteau deviendra romancier, auteur de théâtre, critique, scénariste, réalisateur de cinéma, acteur, dessinateur, peintre. " L'art total ", disait-il .
Carrément ...


Cancres, rebelles et autres génies Jean_cocteau


Passe-temps : tout faire !
Jean Cocteau a côtoyé beaucoup de personnalités "d'avant garde".
A vingt ans, il se passionne pour les célèbres ballets russes de Diaghilev, qui révolutionne l'idée que l'on se fait de la danse .
Entre dix-huit et trente ans, déjà journaliste"people", romancier et dessinateur, il croise la route du peintre Picasso, des écrivains Colette et Marcel Proust. La grande Coco Chanel réalise pour lui des costumes quand il devient metteur en scène de théâtre et dramaturge, avant de s'intéresser au cinéma.
Après-guerre, on retrouve Jean Cocteau aux côtés des philosophes de Saint-Germain-des-Prés.
Au cinéma, il inspire la "nouvelle vague" et soutient le jeune François Truffaut .


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La Belle et la Bête.
Dans un pays imaginaire, la Belle se laisse enfermer dans le château de la Bête, afin de sauver son père.
Tourné pendant sept mois, juste après la seconde guerre mondiale alors que pellicule et électricité sont rationnées, la Belle et la Bête est le premier grand film de Jean Cocteau. Son amoureux et acteur fétiche, Jean Marais, y joue trois rôles, dont celui, éprouvant, de la bête à tête de lion. Cette métamorphose lui impose chaque jour cinq heures de maquillage: trois pour la tête et une pour chaque main ! Puisant son inspiration dans la peinture hollandaise, le climat envoûtant de la Belle et la Bête, tourné dans de vrais châteaux, séduit les spectateurs. Le film est un des grands succès de l'année 1946 .
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MessageSujet: Re: Cancres, rebelles et autres génies   Cancres, rebelles et autres génies Icon_minitimeMar 29 Mai 2007 - 17:12

Claude Debussy


Je suis né en 1862 dans une belle banlieue à Saint-Germain-en-Laye. La classe ! Les prénoms de mes parents : Manuel-Achille et Victorine-Joséphine-Sophie . La super classe . Mais, bon, ça s'arrête là, car mes parents sont très pauvres, et, à la maison, ce n'est pas la joie . D'ailleurs on a beau avoir atterri à Paris, on déménage tout le temps...
En plus, ils font plein d'enfants ( l'aîné, c'est moi ) alors qu'ils ne peuvent presque pas les nourrir . Et , ce qui est courageux, mais ne va pas arranger les choses, mon père participe à la Commune du côté des révolutionnaires .

Quant à ma mère, elle s'aperçoit qu'elle ne peut pas nous sentir et elle nous confie à ma tante, Clémentine de Bussy . Pour couronner le tout, depuis ma naissance, j'ai une tumeur osseuse sur le front, une bosse, une grosse . Ce n'est pas grave, mais, toute ma vie, j'ai été appelé le "Christ hydrocéphale" . C'est pour ça que j'ai toujours eu une frange, une super frange .
Pour terminer le tableau, mon père veut que je sois marin... C'est pour toutes ces raisons que je n'ai jamais été à l'école, et que, donc, j'ai fait des fautes d'orthographes toute ma vie .

Quand j'ai huit ans, mon père, alors que ce n'est pas vraiment le moment (à Paris, la Commune c'est une vraie guerre civile ), rencontre une professeur de piano, qui pense, la chance!, que j'ai d'extraordinaires dispositions musicales . Comme mon père se retrouve vite en prison et que ma mère est sans argent, c'est avec madame Mauté, une élève de Chopin (oui, oui, puisque je vous le dis), qu'en un an et demi à peine, j'apprends, gratuit, le piano . Et hop ! me voilà admis, en 1872, au Conservatoire, je l'avoue, je dois avoir d'extraordinaires dispositions .

Là, si je peux dire, ce n'est pas la même musique . Mon professeur, monsieur Marmontel, qui trouve que je suis "un charmant enfant, un véritable talent d'artiste", est un peu coincé, même si pour lui un an après, je suis toujours "un excellent lecteur, oreille parfaitement sûre, encore un peu en retard sur les principes" . Bref, je suis vite considéré comme " un prodige de douze ans qui promet d'être un virtuose de premier ordre " . Mais c'est l'arbre qui cache la forêt, parce qu'avec mon prof, en fait, c'est l'amour vache . Le vieux Marmotel est trop autoritaire, trop sévère, et, pour lui, il n'y a que la technique . Moi, j'adore improviser, rajouter des notes bizarres et des fioritures à n'en plus finir .

Je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu'il n'a pas tort lorsqu'il trouve irréfléchie et brouillonne ma façon de massacrer les arpèges . En réalité, c'est que le piano, ça va cinq minutes . Le mieux c'est la composition . Même si je joue toujours (j'ai quatorze ans, un deuxième prix d'interprétation), même si je travaille l'harmonie avec une vraie buse, et l'"harmonie pratique" avec un sérieux (un premier prix, à dix-huit ans!), ce que je préfère, c'est passer mon temps avec un type formidable, un jeune professeur très pointu, Albert Lavignac . Il m'apprend, dans la joie, les mystères sublimes du solfège .

Oui, vous ne rêvez pas, du solfège ! C'est super le solfège quand on l'étudie à partir de Richard Wagner . Le bonheur absolu . Un de mes camarades, ce crétin, pense que ma musique ressemble à " des grondements chromatiques imitant les omnibus qui descendent le faubourg Poissonnière ". Un de mes autres professeurs se souvient : " maladresse naturelle ou timidité, je ne sais, mais il fonçait sur le clavier et forçait tous ses effets . Il semblait pris de rage contre l'instrument, le brusquant avec des gestes impulsifs, soufflant bruyamment en rexécutant des traits difficiles" ...

Heureusement la statue de Conservatoire, Marmontel, est toujours là ; Il veille au grain . Il sait que ma famille est pauvre et suppose que ça ne va pas s'arranger . Alors, pendant l'été, il me place comme pianiste et accompagnateur auprès de riches amateurs .
Je voyage . Jusqu'en Russie . J'apprends .
Et je reviens au Conservatoire, plein d'idées . On trouve alors que ma musique est certes "jolie, mais théoriquement absurde" . Vous savez ce que je leur réponds ? "Il n'existe pas de théorie . Vous n'avez qu'à écouter . Le plaisir est la loi ." Et vlan .

Je vais devenir Claude Debussy .
Je fais peut-être toujours des fautes d'orthographes, mais c'est moi qui vais composer Prélude à l'après midi d'un faune, Pelléas et Mélisande, La Mer . Entre autres .
La beauté, quoi...

Cancres, rebelles et autres génies Debussy_17

Avec son opéra Pelléas et Mélisande, projet qui l'a hanté dix ans et qui fait scandale, Debusssy devient célèbre en 1902 . Ce n'est pas le sujet de son opéra (une histoire d'amour malheureuse ) qui heurte critiques et public . Le choc vient de son aspect novateur . Il témoigne :
"J'ai été accusé d'avoir omis de placer dans mon opéra toute espèce de mélodie . Or, en fait, Pelléas n'est que mélodie . Seulement cette mélodie n'est pas coupée, n'est pas divisée en tranches selon les règles anciennes _ et absurdes _ de l'opéra ! Ma mélodie est intentionnellement ininterrompue, sans nulle trêve car elle vise à reproduire la vie même . Je sais bien que l'on ne peut pas fredonner ou siffler aucune phrase de mon opéra . Il n'y a pas de chant dans la vie : Il y a des rythmes, des atmosphères, des couleurs, mais ceux-ci, bien que variant sans cesse, se succèdent sans solution de continuité, pour l'éternité . "


Cancres, rebelles et autres génies Great-wave

La Grande Vague du peintre Hokusaï, choisie par Debussy pour illustrer sa partition de La Mer
" Ecoutons les leçons du vent qui passe...".
Debussy a la nature pour religion:"Je ne pratique pas selon les rites consacrés . Devant un ciel mouvant, en contemplant, de longues heures ses beautés magnifiques et incessamment renouvelées, une incomparable émotion m'étreint .
La vaste nature se reflète en mon âme véridique et chétive . Sentir à quels spectacles troublants et souverains la nature convie ses éphémères et tremblants passagers, voilà ce que j'appelle prier
."
Dans La Mer, poème symphonique'1905), le chant des vagues s'oppose à la violence du vent . Vent auquel il prête un pouvoir magique :" Ecoutons les leçons du vent qui passe et qui raconte l'histoire du monde ."
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