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Histoire de bavarder par écrit
 
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 Marc Villard

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Claudius
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MessageSujet: Marc Villard   Marc Villard Icon_minitimeMer 27 Sep 2006 - 16:59

A l'age de 10 ans, mon fils Romain traversa une intense période d'irradiation religieuse. Mon épouse et moi, adeptes de l'autodétermination, n'avions pas fait baptiser nos enfants tout en nous promettant de ne pas nous opposer à leur décision d'embrasser plus tard, s'ils le souhaitaient, telle ou telle religion. Le cher petit devint un assidu du catéchisme et manifesta le vif désir d'être baptisé puis d'enchaîner avec la communion. Durant cette période je ne ménageai pas l'ado, aidé en cela par mon fils ainé - un adulte - . Le gamin dut supporter des questions du genre "Mais ce fameux Jésus, il joue dans quel groupe, au fait ?" ou alors "Un type aussi croyant que toi devrait partager son dessert, ta religion c'est de la frime."
Romain opposait à nos sarcasmes un leitmotiv imparable : " Moi, je suis religieux, vous n'avez pas à vous moquer de mes croyances."
Enfin bref, nous sacrifiâmes aux deux fêtes catholiques imposées et je dus m'exhiber dans l'église Saint-Merri, psalmodiant des mots sans suite en lieu et place des paroles sacrées. Le repas de communion nous permit de reprendre contact avec notre famille lyonnaise et tout rentra dans l'ordre peu après: les velléités confessionnelles du garçon furent supplantées par une passion soudaine pour le tennis.
Néanmoins, afin de ne pas perdre la main, le cher ange poursuivit ses errances scolaires dans un collège privé.
Agé de quatorze ans, il vient de rentrer ce soir à la maison. Après avoir balancé lourdement son cartable et bu un demi-litre de coca, il se tourne vers nous, accaparés par la lecture d'un quotidien.
- Vous allez pas me croire. J'avais mon pull Ralph Lauren, mon jean 501 et mes baskets Fila, et ce vieux con d'aumônier me regarde, l'air dégoûté, et me traite de négligé. Moi, négligé. Lui, il se trimballe toute l'année dans un costume grix tout râpé et il me donne des leçons d'élégance. P utain, j'avais les boules. Du coup, sa messe de neuf heures demain matin, il se la carre dans le cul !
Mon épouse va pour protester, mais son regard croise le mien et elle freine des quatre fers. Demain nous sommes samedi, et sans la messe, nous récupérons une grasse matinée imprévue.
C'est le genre de satisfaction dont on ne sait trop s'il faut en remercier dieu ou simplement la coquetterie adolescente.

Marc Villard
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MessageSujet: Re: Marc Villard   Marc Villard Icon_minitimeSam 7 Oct 2006 - 17:39

Aujourd'hui nous sommes passé chez Roland Caparos, boucher à Saint-Rémy-de-Provence. Nous en avons rapporté de la brandade et des côtelettes d'agneau à faire cuire au feu de bois. Dans la voiture, en allumant RTL, j'ai surpris la fin d'un reportage effrayant sur le tourisme sexuel. Puis, parvenus dans notre jardin plantés de cerisiers et d'oliviers, nous avons dégusté la brandade arrosée d'un petit rouge corsé de Gigondas. Romain s'est occupé du feu de bois et, pendant qu'il vaquait autour du barbecue, j'ai jeté un coup d'oeil à Libé qui fustigeait avec raison les rosbifs adeptes de la délation antipédophile. Les côtelettes étaient formidables et le clafoutis aux pêches un véritable délice. De 14h à 16h je suis monté dans la chambre pour réfléchir à mon oeuvre, mais Christine m'assure qu'à 14h05 je dormais déjà. A mon réveil, je me suis penché sur Le Monde qui développait le problème corse et semblait préoccupé par la mort d'un indépendantiste. Ce qui est navrant, j'en conviens. A 16h30, au retour de la piscine, les enfants m'ont proposé une saucissonnade que je refuse rarement, surtout quand elle s'accompagne d'un Terres Blanches rosé de la vallée de Baux. Puis j'ai tapoté sur une balle de ping-pong avec Romain et me suis décidé à écrire une vingtaine de lignes pour donner l'impression à ma famille que mon roman avance.
A 20 heures, Christine s'est coltiné le filet mignon pendant qu'Antoine préparait une ratatouille maison. J'ai jeté un coup d'oeil à TF1 qui laissait entendre que l'Etat français était bafoué en Corse et que, les accidents pétroliers, ça commençait à bien faire. Le dîner était vraiment excellent et, pendant que les enfants se gondolaient devant Louis de Funès - sur une chaîne publique, cela va de soi -, Christine a sorti un cigarillo et m'a proposé d'aller nous balancer sur les hamacs accrochés aux cerisiers.
J'ai accepté en emportant des provisions : un petit cognac de derrière les fagots et les verres qui vont avec. Puis, en me balançant mollement, j'ai détaillé pour mon épouse l'actualité nationale et internationale du jour. Elle-même avait dévoré un compte-rendu complet du naufrage des négociations de Camp David.

La nuit se faufilait lentement entre les arbres et, en sifflant nos dernières gouttes d'alcool, nous sommes convenus, avec un certain enthousiasme, qu'il nous fallait faire d'urgence la révolution
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MessageSujet: Re: Marc Villard   Marc Villard Icon_minitimeDim 8 Oct 2006 - 18:23

La première fois que je rencontrai Vince Taylor, c'était au Kursaal de Versailles un dimanche aprés-midi. Vince attaquait le deuxième chapitre de sa saga de perdant magnifique. Adieu cuir noir, chaînes cloutées, le mauvais garçon avait vécu. Il arborait un costume en cachemire noir et son groupe pouvait ridiculiser n'importe quel orchestre de rock français. Pour ma part, j'errais depuis deux ans dans un band local baptisé niaisement Les Comètes et j'avais choisi de jouer de la batterie pour m'éviter d'implacables études musicales. Les Nouvelles de Versailles avaient organisé un concours d'orcheste en première partie du chanteur anglais et, d'une façon inexplicable, nous avions gagné. Gagné le droit de parader en première page des Nouvelles le lendemain et de hisser au-dessus de nos têtes la coupe des champions. Quand nous regagnâmes les coulisses à l'entracte, je croisai Vince qui me gratifia d'un rictus, pouce levé, et mon dimanche s'en trouva illuminé.

Puis Vince Taylor commença à dégringoler la pente, enfilant comme des perles alcool, femmes, drogue, clinique psychiatrique, déprime. Les temps changent, le tempo également. Parfois, par sentimentalisme excessif, je me repassais Brand New Cadillac le soir à la veillée, mais le coeur n'y était plus.

Au début des années quatre-vingt, je travaillais chez un parfumeur, rue François 1er et, chaque midi, je me prenais un sandwich dans un bar de la rue Marboeuf ou un plat chaud sur les Champs-Elysées.
Le midi qui nous occupe, je m'engouffrai dans l'un de mes bistrots préférés et m'accoudai au bar avec en ligne de mire un jambon-beurre et un verre de Beaujolais. Je tournai machinalement la tête vers mon voisin et découvris Vince Taylor, pensif devant son demi. Les quinze années qui venaient de s'écouler n'avaient pas été de tout repos et son visage en portait les stigmates. Sa présence ne m'étonna qu'à moitié car la presse avait annoncé qu'il tenait un rôle dans un film français de Jacques Richard. Que pouvais-je lui dire ? Qu'il m'avait fait rêver, que, si quelqu'un pouvait revendiquer la rock'n'roll attitude, c'était bien lui ? Mais quelque chose dans son regard me découragea de l'aborder : là où il était arrivé, plus rien n'avait d'importance.

Quelque temps plus tard il mourut d'un cancer dans les bras d'une femme propriétaire d'usines de conserve, en Suisse, qui plus est.

Un imbécile a dit quelque part que les mythes ne meurent jamais. Je n'en suis pas si sûr mais, quand la télé repasse de vieux scopitones de Taylor, les larmes me viennent aux yeux. Je prétexte alors un rhume sous le regard amusé des enfants, pas dupes de mes émois d'adultes.
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MessageSujet: Re: Marc Villard   Marc Villard Icon_minitimeDim 8 Oct 2006 - 18:24

Au début des années soixante-dix, je me décidai à publier mon premier recueil de poèmes. Influencé par les beatniks, René Char et Franck Venaille, cette plaquette au titre désabusé - L'Amer - tirait à hue et à dia et révélait surtout la confusion mentale de son auteur.

Je réglai donc sans sourciller le prix convenu, car il s'agissait bien évidemment, d'une édition à compte d'auteur, et, après avoir pris congé de l'encaisseur, je rentrai chez moi lesté d'un certain nombre d'exemplaires d'auteur. Je commençai sans faiblir à faire passer mon "oeuvre" à quelques amis proches, trotskistes car c'était la mode, et patientai en attendant les commentaires.

Un dîner fut organisé avec mes camarades et je compris rapidement qu'une seule voix - celle de Martine - s'exprimerait au nom du collectif.
Sans rentrer dans les détails laborieux et vaguement littéraires, il me fut reproché la désinvolture avec laquelle je présentais ce recueil. La littérature méritait d'être soutenue par des hommes de passion, préférés au dilettante que j'étais devenu. On me fit comprendre qu'écrire est une chose sérieuse et qu'en conséquence je devais moi aussi me prendre au sérieux. Berf, l'ordre trotskiste devait aussi s'appliquer à l'écrit. Les promeneurs et les amateurs badins étaient invités à circuler et à porter leur dévolu sur des activités plus anecdotiques, le sport par exemple.
Un peu abattu, je n'osai attaquer de front cette opposition disciplinée et décidai de tenter ma chance auprès de ma famille. Je dois préciser ici que je suis issu d'un milieu modeste et sympathique mais qui a une fâcheuse tendance à considérer Guy des Cars comme un écrivain majeur du XXème siècle.

Je tendis donc à maman un exemplaire dédicacé de L'Amer sur lequel mon père posa un oeil hagard avant de regagner le garage qui abritait son établi. Vaguement interloquée ma mère empocha la plaquette, étonnée de se découvrir un fils poète.
Puis j'attendis.
J'attends toujours, d'ailleurs, car ma pauvre mère se garda bien de commenter mes débuts en écriture. J'en fus vexé et décidai de garder pour ma seule satisfaction les méandres de mon jardin secret.
Cinq ans après la publication, lors d'un enterrement en Basse-Normandie, l'oncle Jean me prit à part pour me confier que sa soeur lui avait donné mon recueil.
- Heu ... c'est spécial comme poésie, se risqua-t-il.
- Comment ça, "spécial" ?
- Ben, c'est pas facile à comprendre, quoi !
- C'est de la poésie, qu'est-ce que tu veux que je te dise ?
- Oui, c'est ça, c'est de la poésie.

J'ai toujours pensé que la poésie procédait de l'incommunicable mais, pour le cas où un doute m'aurait taraudé, ma famille s'est chargée de m'en faire la démonstration. La famille, c'est formidable au moment des repas, mais il convient de ne pas trop lui en demander.
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MessageSujet: Re: Marc Villard   Marc Villard Icon_minitimeDim 8 Oct 2006 - 18:26

Parfums Topaze, Salle Maeva, 7ème étage.
Lundi 12 novembre, 14 heures


- Nous sommes donc ici pour vous communiquer le feed-back des réunions préparatoires au plan d'efficacité.
- Et vice-versa, Norbert.
- Bien sûr. On peut dire pour commencer que les chantiers en cours ont défini des process qui induisent des procédures sur le réseau.
- Première nouvelle. Là, je suis étonnée car je n'ai pas eu communication d'un projet de chantier.
- Moi non plus.
- Certes, mais nous n'avons pas voulu formaliser systématiquement le travail des sous-groupe transverses ...
- S'ils sont transverses, pourquoi n'en a-t-on pas entendu parler ?
- Ecoute, Marie, on avance step by step, ça ne sert à rien de s'approprier un territoire quand les parties prenantes n'ont rien formalisé.
- On avait parlé d'une demande de transparence ...
- Transverse .
- Oui, transverse, et qui puisse s'intégrer dans le shéma directeur. Alors si tout le monde commence à s'agiter dans son coin sans interface développement/achats, on va droit dans le mur.
- Je suis d'accord, faut se rappeler la frustration après le chantier Oracle. Même la hot-line pédalait dans la semoule.
- Bien. On ne va pas s'éterniser sur le sujet. Sonia, tu nous parles de ton chantier interne au développement ?
- On avance lentement, mais pour résumer je dirais qu'on s'autonome en simplifiant les protocoles de qualité.
- Tu as identifié des problèmes liés au blocage transverse ?
- On manque, comme le disait Norbert, d'une interface développement/achats. Je pense qu'il faudrait initier des circuits de procédure plus pointus pour qu'on ait communication de tous les projets.
- Une communication transverse.
- Oui, transverse, avec un process qui offre une transparence sur les circuits de lancement.
- Attention à ne pas s'approprier le territoire de tous les lancements !
- Non, seulement ceux qui nous concernent, rien de formalisé.
- Okay, je vous écoute depuis un moment mais je me pose la question : est-ce que les process que nous initialisons ici ne sont pas contradictoires avec le projet Opus ?
- Euh ...
- Parce que Opus va développer un shéma directeur de contrôle et d'optimisation des réseaux...
- Oui, transverse et fluide. Alors j'ai le sentiment qu'on devrait se presser lentement pour savoir si nous entrons dans la problématique de développement d'Opus.
- C'est juste, Alain. On pourrait convenir d'une seconde réunion qiand Opus aura proposé un premier modèle de flux de gestion.
- D'accord, mais je souhaiterais que l'industrie soit mieux associée sur ce chantier.
-Okay, pas de frustration non dite.
- Ca roule. On va déjeuner ?
- Qu'est-ce qu'il y a à la cantine ?
- Boudin-purée ou cassoulet toulousain.
- Ca craint pour les bourrelets.
- Oui, c'est pas léger, mais la DRH vient de lancer un chantier de refonte des menus du restaurant.
- Je ne suis pas au courant. Ils ont mis en place un process sur le réseau ?
- Juste une LotusNote ce matin.
- Transverse ?
- Evidemment .
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MessageSujet: Re: Marc Villard   Marc Villard Icon_minitimeDim 8 Oct 2006 - 18:28

J'ai toujours eu du mal avec les publicitaires. Mais comme je suis faux cul, ça ne transparaît pas.

En dix ans, ma société a développé quelques produits particulièrement calamiteux mais le pompon revient à Rose interdite, une fragance pour adolescente dont les seins commencent à pointer - ce qui est bien - mais qui a horreur, comme chacun sait, qu'on la confine dans un rôle d'adolescente. L'ado se sent et se veut femme. Notre agence proposa un visuel sans problème : une ravissante nymphette légèrement décolletée nous regardait droit dans les yeux, l'air de dire : "J'ai quelque chose pour toi, chéri." Le mannequin se nommait Laetitia et, si elle m'avait demandé de pousser une bille sur huit cents mètres avec mon nez, je l'aurais fait. Tous les autres la trouvèrent à chier et n'eurent pas de mots assez durs pour qualifier ce choix. Depuis, Laetitia s'est fait un nom : Casta. Je ne sais pas si ça vous évoque quelque chose mais, en tout cas, ça en dit beaucoup sur le flair des décideurs de ma boîte.

L'annonce Rose interdite sonna le glas des efforts de l'agence qui fut limogée au bénéfice d'un team beaucoup plus hargneux, branché "States" et dont les créateurs avaient la présence d'esprit d'essuyer la coke autour de leur nez avant chaque réunion au siège de la marque.C'est dire la conscience de ces gens-là. Ils proposèrent donc d'emblée une nouvelle campagne Rose interdite. Je ne m'attarderais pas sur le visuel choisi, mais le projet qu'ils défendirent avec véhémence représentait une sorte de barrière pourvue en son milieu d'un panneau sens interdit masquant une nymphette boudeuse derrière.

Le ridicule de cette soumission était trop beau et un petit malin en fit circuler des photocopies dans tous les services. L'agence fut conspuée dans les couloirs, ses créatifs traités de branleurs incultes - ce qu'ils sont dans toutes les agences, il faut le savoir - et notre marque ravalée au rang de boîte à gogos, prête à valider n'importe quelle stupidité pourvu qu'elle soit énoncée en citant Séguéla.

Mon premier PDG haïssait les publicitaires et les laissait baigner dans leur jus une heure durant avant chaque rendez-vous. Son successeur, qui les adore, réduisit le temps d'attente à vingt minutes, ce qui est beaucoup trop court. Il vient de nous quitter ces jours-ci pour observer de plus près le miracle américain. Le troisième est attendu début septembre. Je le sens assez primesautier et je souhaite que les bonnes habitudes reprennent : une heure, une heure quinze d'attente pour les cocaïnomanes. Je suis assez remonté contre eux car j'ai essayé de leur fourguer une came en provenance directe de Colombie, pas coupée ni rien, et cette bande de péteux m'a regardé, effarée, en prétextant ne pas consommer. Ils ont dû déceler en moi une taupe des stups hyper motivée pour faire tomber leur clique de ramenards. Ils ont raison, j'aurais pu faire ce genre de chose, c'est mon côté suicidaire.

En fait, je vais tenter de leur refiler du shit ou le bon vieux crack des familles, mais, cette fois-ci, je me prends un dealer plausible : le chef des coursiers. Il porte un bandana rouge sur la tête et arbore un badge de Jimi Hendrix sur son blouson. Tous les soirs il s'entraîne à parler français avec l'accent américain. Ca devrait coller, on va se faire des kouilles en or sur le dos des parvenus. La jouissance, je vous dis pas.
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MessageSujet: Re: Marc Villard   Marc Villard Icon_minitimeDim 8 Oct 2006 - 18:30

Hier, j'ai tenté de me jeter par la fenêtre de mon appartement au troisième étage de l'immeuble. J'avais dans l'esprit ces suicides hollywoodiens : des femmes prises de boisson passant par la baie vitrée de leur penthouse éclairé a giorno. Ma fenêtre à moi est étroite et située à un mètre cinquante du sol. Il faut donc monter sur une chaise pour atteindre le rebord et, parvenu à niveau, se mettre à croupetons pour se glisser à l'extérieur.

Eh bien, qu'on ne compte pas sur moi pour mourir à plat ventre. J'ai quand même des restes de dignité.
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MessageSujet: Re: Marc Villard   Marc Villard Icon_minitimeDim 8 Oct 2006 - 18:33

Voilà, j'espère que ça vous a plu. Moi, j'ai souvent ri en parcourant ce recueil de nouvelles dont vous n'avez qu'un tout petit extrait sur ce fil.

Il s'appelle Marc Villard.

Voilà ce qu'en dit Gianni Ségalotti, dans http://oeil.electrique.free.fr/, vous y touverez également une interview très intéressante notamment sur la manière d'écrire, la musique et les centres d'intérêts de Marc Villard.

Marc Villard se consacre au roman noir depuis le début des années 80. Il appartient à la vague du néo-polar qui a porté au sommet des auteurs tels que Daenninckx ou Jonquet. Une tendance littéraire virulente, viscéralement contestataire, impulsée dès les années 70 par Jean-Patrick Manchette qui se chargera, le premier, de politiser le roman noir et d'en creuser les aspects sociaux.
Villard privilégie le récit court. A ce jour, il a publié une vingtaine de romans brefs, de novellas ou de recueils de nouvelles ; mention spéciale pour la magnifique trilogie noire que forment La Porte de derrière, Rouge est ma couleur et Cœur sombre. Ses fictions - denses, rythmées, pessimistes - se caractérisent par une extrême sécheresse du style et une rapidité d'écriture proche du roman noir américain. Chez ses héros - construits sur la figure récurrente du perdant ou du réprouvé - toute psychologie est évacuée au profit d'une approche comportementale : les personnages n'existent que par les actes qu'ils posent ou par les phrases qu'ils prononcent. Pour camper le décor de ses intrigues, Villard choisit exclusivement le contexte violent et défavorisé des grandes villes et des banlieues. Avec quelques quartiers de prédilection : Barbès, Pigalle, La Courneuve.
Enfin, avec Villard, on découvre un styliste hors pair, une écriture en apnée, sans temps mort, à la fois cynique et humaniste, située au confluent de plusieurs disciplines : cinéma, rock, jazz, photographie.

Fin de citation.

Parallèlement à ses romans policiers Marc Villard publie également des petits recueils de nouvelles ayant pour base sa vie, la vie familiale, le boulot, les souvenirs qui s'accrochent, les petites lâchetés et les petits moments de courage. On ne sait pas si c'est vrai, si c'est issu de l'imaginaire, mais en tout cas, moi, ça m'a beaucoup plu.

Ci-dessous une partie du quatrième de couverture qui m'a fait choisir ce livre pour vous.

L'été dernier, à Eyragues, lassé du soleil, de la piscine, de la tapenade, des saucisses au feu de bois et du pastis obligatoire, je me suis décidé de mettre un terme à ma vie. Par noyade. A minuit, je suis descendu dans la salle de bain en étouffant mes pas. J'ai fermé la bonde du lavabo et j'ai laissé l'eau couler sur ma nuque, le nez dans la vasque. Comme je commençais à manquer d'air, Christine s'est pointée à la porte pour me lancer :
- Tu te laves les cheveux à minuit ! Ca s'arrange vraiment pas.
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